CHAPITRE XXXVIII
Wedge regarda derrière lui et fronça les sourcils.
— Mynock, es-tu sûr du minutage de ce schéma de recherche ?
Mynock tourna la tête et émit un bip implorant.
— Parfait.
Les chiffres affichés par le droïd indiquaient que la recherche sur la face obscure de la lune demanderait deux heures et demie.
Si Horn a réussi à les éviter et à filer sur la face éclairée, il leur faudra aussi quadriller ce côté. Il peut encore être caché quelque part. Sinon… Ils doivent l’avoir depuis au moins une heure et demie.
Wedge serra les poings. Ils avaient fait tout leur possible pour aider Corran. Les dix premiers intercepteurs les avaient rattrapés parce qu’ils avaient volontairement ralenti. Les Rogues avaient éliminé aisément leurs ennemis, mais leurs jauges de carburant étaient au niveau critique. Ils étaient passés en vitesse-lumière, abandonnant une douzaine de Bourdons qui ne manqueraient pas de pourchasser Corran.
Au premier point de transit, Wedge avait ordonné au groupe de réfléchir à un moyen de revenir chercher leur ami. Depuis trois heures il élaborait un plan, dépendant des renseignements qu’ils auraient récupérés sur Borleias. Les Défenseurs ne seraient pas encore revenus à Noquivzor quand les Rogues arriveraient, mais il n’était pas impossible que l’infanterie de Page ait des nouvelles et se soit branchée sur l’HoloNet impérial pour les transmettre.
Borleias aurait certainement prévenu le Centre Impérial de l’attaque. Ce rapport inclurait peut-être des éléments sur le statut de Corran. Dès qu’il entrerait dans l’espace normal, Wedge avait l’intention de demander à M3 de se connecter à l’HoloNet impérial.
J’ai besoin de savoir à quoi m’attendre quand nous retournerons le chercher.
Son plan était périlleux. Il savait qu’Ackbar ne l’approuverait pas. Les risques de la mission avaient été exposés aux pilotes. Corran s’était porté volontaire.
Mettre en danger les autres Rogues pour tenter un sauvetage qui n’aboutirait probablement pas était idiot.
Mais Wedge ne pouvait pas abandonner un de ses gars.
J’ai déjà perdu trop d’amis à cause de l’Empire pour ne pas tenter de sauver ceux qui me restent.
Il avait conscience que l’intégration de Tycho Celchu dans l’Escadron était une forme de sauvetage.
Il sourit.
Je parie que j’ai eu plus de mal à le tirer des griffes de Salm que nous en aurons à récupérer Corran !
Rogues pouvaient s’alimenter en carburant et repartir en l’espace d’une demi-heure. Plutôt une heure, car c’était le délai minimum qu’il faudrait aux techniciens pour remonter les canons laser dans le Banni. Avec Tycho aux commandes de la navette et ses ailes X, ils seraient en mesure d’affronter sans problème une douzaine d’intercepteurs.
Corran nous en aura sûrement laissé moins que ça !
Wedge réalisa qu’il pensait au pilote en l’appelant Corran, pas « lieutenant Horn ». La distance qu’il avait volontairement mise entre eux avait disparu. Il s’était pourtant efforcé de la maintenir pour garder son autorité.
Antilles s’était aussi isolé pour sa propre protection. Après avoir perdu tant d’amis, il répugnait à laisser ses gars devenir trop proches de lui. Il regrettait la mort de Lujayne Forge, d’Andoorni Hui et de Peshk Vri’syk, mais leur disparition ne l’avait pas blessé aussi profondément que celle de Biggs ou de Porkins.
La distance émotionnelle est le blindage du cœur.
Ce blindage était nécessaire. Sinon, la lutte contre l’Empire le détruirait. Témoin de trop de morts, il aurait pu penser que les efforts de l’Alliance étaient vains.
Si nous en étions venus à ça, les Étoiles Noires continueraient à détruire des planètes et l’Empereur gouvernerait toujours la galaxie.
Corran avait gagné l’amitié de Wedge. Il avait pris à cœur ce que son chef lui avait dit sur sa participation à l’unité. Corran avait compris que s’attaquer aux intercepteurs qui menaçaient une navette d’assaut le forcerait à rester en arrière. Il avait fait ce choix parce qu’un autre eût été impossible.
Le reste de l’unité aurait agi de même. Et les gars voudront récupérer Corran.
En volant dans l’hyperespace de Noquivzor à Borleias, ils atteindraient la planète en moins de trois heures. Cela laisserait la possibilité aux Impériaux de découvrir l’emplacement de la base, mais Wedge espérait que les gars de Page leur donneraient autre chose à penser…
Un voyant vert clignota sur la console de commande.
Wedge appuya sur une touche. L’hyperespace disparut, remplacé par le panorama du système de Noquivzor.
— Rogue Leader à M3.
— Ici M3, monsieur. J’ai un message urgent pour Bror Jace.
— Pas aussi urgent que mes ordres ! Dis à Zraii de se préparer à remplir nos réservoirs et de faire reposer les canons laser sur le Banni. Dans une heure, nous repartirons.
— Oui, monsieur.
— Contacte aussi les Renseignements. Je veux toutes les communications par HoloNet venant de Borleias.
— Oui, monsieur, dit le droïd. Nous avons des informations en provenance de Borleias.
— Au sujet de Corran ?
— Oui. Un hologramme.
— Demande à l’ordinateur de le zipper en deux dimensions et transmets-le-moi.
— Vous préférerez peut-être attendre, monsieur.
— M3 !
— Transmission en cours, monsieur.
Le moniteur afficha l’image de Corran Horn.
— Si vous voyez cet enregistrement, commandant Antilles, déclara Corran, c’est que je ne suis pas revenu…